Il faut sauver Nacho !

Il y a quelques temps, je vous avais parlé d'une superbe rencontre en Galice, dans la profonde Galice des terres, à l'extrême sud-est, au sein de la Comarca de Valdeorras, loin des côtes occidentales, loin du folklore. Ici, à Larouco, petit village d'à peine 500 habitants, Nacho Gonzales, ingénieur en microbiologie de formation, s'est installé depuis six ans avec une idée précise de la viticulture qu'il voulait y faire. Sur les terres d'origine de sa mère, il a ainsi créé de toutes pièces son petit domaine (à peine 2,5 hectares), La Perdida d'où sortent d'immenses vins naturels. C'était ICI.

Nacho, "El loco de Larouco", exploite une dizaine de petites parcelles autour de son village. Les cépages cultivés sont le godello, la dona branca, le grenache, le sumoll, le palomino et le mencia. Toutes les vignes sont cultivées en gobelet à l'exception de sa parcelle de godello qui est palissée (et qui donne un vin blanc-orange absolument dément). Il a effectué un énorme travail de régénération des sols. Utilisation des engrais verts, amélioration des substrats organiques, paillis de paille, fertilisation avec du compost organique, tout ça pour que son sol redevienne à nouveau un élément vivant.

















Seulement voilà, Nacho est bien seul dans ce coin de l'Espagne où l'agriculture biologique est absolument inexistante, la biodynamie un mot inconnu et le concept de vin naturel, un truc d'extraterrestre. La zone d’appellation Valdeorras, tout comme sa voisine Ribeira Sacra plus basse sur le Sil, sont des éponges à Roundup. Dans les vignes, les sols sont nickels, sans herbe, complètement morts. Ses six petites parcelles font désormais figure de petits îlots de nature dans cet océan de produits chimiques. Aujourd'hui Nacho est menacé par une mastodonte industrielle. Le Valdeorras est devenu un vin à la mode et tous les fabricants de prêt-à-boire industriel de grande surface veulent avoir à leur catalogue de merdes standardisées des vins de godello. 
Comme il n'est propriétaire que d'une petite minorité de ses parcelles, son domaine est en péril, menacé par la pression foncière que font subir ces géants du mal-boire aux petits propriétaires de ce secteur pas vraiment favorisé du Nord de l'Espagne. Pressé par un de ses propriétaires d'acheter les parcelles qu'il exploite et où il a mis tant de cœur à faire revivre le sol, Nacho est désormais au pied du mur. S'il ne trouve pas les fonds nécessaires à l'utilisation de son droit d'option d'achat, il verra ses petites parcelles de sumoll, palomino et mencia en gobelet rasées et replantées de godello en treille prêt à pisser un torrent de breuvage infâme et sans identité. Le temps presse donc pour sauver ce petit domaine. Nacho vient de lancer un Crowdfunding sur Verkami. Il lui faut récolter 12000 euros avant la fin de l'année pour pouvoir éviter le pire, éviter une mort certaine de son domaine, éviter la faillite.

Les contreparties, en bouteilles, sont tout simplement magnifiques. Pleins de vie, tendres, fins et puissants, jamais lourds, ses vins sont d'une très grande classe, immenses. J'en suis un fan absolu. Donc mes amis, relayez cette information, cet appel à l'aide. Aidez Nacho à sauvez le peu de nature et d’agriculture paysanne et naturelle qu'il reste dans ce coin. Que ces petites parcelles dont certaines ont plus de 80 ans ne deviennent pas des usines à vinasse standardisée.