(À l'école des sorciers de Tartaras)
Il y a quelque temps, je vous avais parlé des Déplaude de Tartaras. Sur un terroir improbable, dans la vallée du Gier entre Givors et Saint-Etienne, Anne et Pierre-André, paysans-vignerons, produisent des vins absolument fabuleux, des vins incroyablement bons, en IGP Collines Rhodaniennes. Vous trouverez plus de détails ici. Échauffé par quelques grappes coupées au Mas Coris, j'ai donc décidé d'aller y voir chez les Déplaude*, afin d'essayer de comprendre un peu par quelle magie, les "sorciers" de Tartaras réussissent à transformer le Gier en vin.
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Bon voilà, maintenant que j'ai vu presser et que j'ai goûté ce viognier, il va falloir attendre une éternité avant dele torcher boire le vin qu'il va donner. Pffff!!! C'est déjà long....
* Formulation de phrase très usitée dans la région. Comme on dit : "Faut pas y craindre!"
Plus d'infos sur les Déplaude de Tartaras?
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À l'entrée du petit bourg de Tartaras, je ne pouvais pas louper l'équipe de vendangeurs. On les voyait de la route, dans la parcelle de viognier. Sitôt arrivé dans les rangs, ces belles grappes de viognier, dorées, rutilantes, sexy comme des ballerines du Bolchoï, me faisaient des clins d'œil langoureux. J'étais comme hypnotisé par cette belle matière que je savais saine et naturelle, par ces belles couleurs mélangeant le pastel et le nacré.
Bon du coup, j'ai tellement regardé les grappes que j'ai raté Pierre-André Déplaude. La remorque était pleine. Il était en train de partir à la cave. "Vous allez presser?" lui hurlais-je niaisement. Un signe de la tête me fit comprendre que "Ben oui!!" Le temps de remonter le rang - Tain! Ça grimpe! - et je fonçais à l'autre bout du village. Oui j'allais voir presser ce fabuleux viognier, celui qui m'a apporté tant de bonheur dans le "Fleur de Pierre" et aussi, assemblé avec du chardonnay, dans le "Poussières d'étoile", les deux cuvées de blanc du domaine.
Devant le bon vieux pressoir mécanique, Pierre-André distillait ses instructions à Guillaume, jeune stagiaire de BTS viticulture-œnologie du lycée Charlemagne de Carcassonne, mais originaire de Roche-la-Molière, à côté de Saint-Etienne (Whaaa! Il est de Roche comme moi!! Incroyable non?).
- "Tu laisses tourner 3-4 minutes. Tu arrêtes. Tu laisses goutter. Tu mets la pompe. Mais tu arrêtes la pompe avant que ça soit complètement vide. Faut pas prendre d'air. Et après tu redémarres le pressoir, et ainsi de suite. Ça va durer à peu-près 3 heures."
Guillaume, la mine sévère et concentré sur son sujet, écoutait religieusement les consignes, visiblement fier de la confiance que lui accordait le maître des lieux.
Moi, j'étais comme un gamin devant ce gros machin qui tournait tout doucement et d'où commençait à s'écouler le jus des grappes. Une envie irrésistible de goûter ce liquide trouble jaune-vert me prit aussitôt. Et, à ce moment-là, Pierre-André partit chercher un verre, le trempa dans le réceptacle du pressoir et goûta le jus. "Ah y'a du sucre quand même!" Je bavais d'envie. Horrible. Puis, ô joie extrême, Pierre-André me tendit le verre qu'il venait de re-remplir. J'étais limite en transe en portant le verre à mes lèvres. Whaa!!! Comme c'est bon!!! Ce breuvage me parlait malgré le sucre. J'avais l'impression de reconnaître quelque chose que je connaissais déjà, en gardant à l'esprit que je touchais à la genèse d'un produit grandiose. Bref, j'ai trouvé ça génial.Bon voilà, maintenant que j'ai vu presser et que j'ai goûté ce viognier, il va falloir attendre une éternité avant de
* Formulation de phrase très usitée dans la région. Comme on dit : "Faut pas y craindre!"
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