(Le charbonnier, mon champignon)
De mi-octobre à début novembre, les forêts de résineux de Haute-Loire abritent un champignon mystérieux et magique. Le tricholome prétentieux.
Chez moi, ancien pays de mineurs, on l'appelle le charbonnier. Avec sa couleur anthracite nacrée, ça lui va vraiment bien.
Le charbonnier, c'est MON champignon. Celui que j'allais ramasser avec mon grand-père puis avec mon père dans les bois entre Marlhes et Riotord. Ma grand-mère, la "Mamie Vovonne", en faisait des conserves. Comme ça, on en avait toute l'année.
Le charbonnier, il est moche et gluant. Toujours plein de terre et d'épines de sapin, il est super difficile à trier et à nettoyer.
Quand on ne le connaît pas, il fait peur. Alors qu'en fait il est super doux et gentil.
On le cuisine très simplement. Un peu de beurre, un peu de crème et une petite chouille de persil. En bouche, ce n'est pas mou. C'est dense et résistant. Ça fait "Crouinch!" sous la dent. C'est pas un champignon de fillette.
Il a le goût des bois, de la forêt, du champignon. En fait non. Pour moi, le goût du champignon, c'est le goût du charbonnier. C'est super bon.
Dans son superbe restaurant, situé à 25 kilomètres du lieu de cette cueillette, Régis Marcon a donné ses lettres de noblesse à mon charbonnier:
"Dans un bouillon marin aux herbes odorantes, la queue de langoustine poêlée aux sparassis et tricholomes."
Mais moi je l'aime tout simplement...