(en demi-deuil)
Pour la cuisine, j'ai des goûts plutôt "Vieille France". J'aime la cuisine traditionnelle, la cuisine classique, très classique même. Les espumas de machin-chose au yuzu, c'est pas mon truc. Une bonne blanquette, un Bourguignon, une potée auvergnate, un petit salé aux lentilles et je suis heureux. Je passe mes dimanches à essayer de réaliser les grands plats qui sont le socle du patrimoine culinaire français et j'en profite pour initier, non sans mal, mes deux loustics. Je leur explique inlassablement la différence entre un beau produit et une merde de "pousse-caddie", comme dit Monsieur Pousson.
En cette période de fêtes, plutôt que d'acheter un home-cinéma 3D dernier cri, je préfère m'offrir de beaux produits pour les cuisiner en famille. J'ai donc réceptionné ma commande de "poules de luxe" en provenance de l'échoppe de mon pote JP. J'ai couru tout Saint-Etienne pour dénicher une truffe noire (même si ce n'est pas encore tout à fait la saison) et j'ai convoqué ma progéniture dans la cuisine pour leur faire vivre l'aventure de la réalisation d'une poularde demi-deuil.
La suite en image....
La cuisson de la bête se fait dans un beau bouillon de légumes (carottes, poireaux, une branche de céleri), issus exclusivement de mon jardin potager. Il faut maintenir l'affaire sous la température d’ébullition pour pocher tout doucement. C'est pas facile facile...
Pour le choix du vin, je ne savais pas trop. Alors, j'ai lancé un appel sur Fesse de Bouc. Gros succès. Il a fallut faire du tri. J'ai finalement choisi la bouteille ci-dessus, dans un millésime assez ancien. Comme un hommage à Hubert de Montille, disparu le mois dernier. Un grand Bourgogne d'un grand homme pour un grand plat, quoi de plus naturel...
Au bout d'une heure et quinze minutes, on sort la bête du bouillon. On la maintient au chaud et on fait réduire le bouillon pour réaliser la sauce suprême avec deux jaunes d'œufs et deux louches de crème.
Voilà...
Mes enfants n'aurons certainement pas saisi tout ce que représente pour moi cette matinée de cuisine. Mais, ils se souviendront peut-être de mon enthousiasme devant cette poule de luxe et ce champignon mystérieux, de notre émotion, ma douce et moi, quand nous avons trempé nos lèvres dans ce grand vin. Ils ont compris, c'est sûr, que ce qu'ils ont mangé n'était pas un vulgaire poulet. C'est déjà ça...